Quand j’étais petit, avec les copains on faisait des parcours
Dans la cour de récréation de notre école primaire, les uns derrière les autres, on suivait le premier de la file et on devait reproduire ses pas et ses gestes, passer par les mêmes endroits que lui. Par exemple, marcher le long de la ligne blanche du terrain de basket, et puis une fois arrivé à un poteau de l’un des paniers, il fallait l’attraper à deux mains et sauter en s’élançant, pour tourner autour du poteau une ou deux fois pour retomber sur le prolongement de la ligne blanche qui continuait sa route après le poteau.
Parfois, on prenait des « risques ». On montait sur un banc, une barrière et on marchait en équilibre sur toute sa longueur, on sautait de muret en muret, on se suspendait à des branches d’arbres… toujours les uns à la suite des autres.
Quand j’étais petit, avec les copains on fabriquait des bracelets à tout faire
Le principe était simple : on prenait une feuille de papier ou de carton léger, on y découpait une bande plus ou moins large, et sur un côté, on dessinait des boutons, des interrupteurs, des haut-parleurs, des câbles, des trucs et des machins qui avaient tous une fonction bien précise.
Ensuite, avec un peu de colle ou de scotch, on faisait de cette bande de papier un bracelet qu’on passait autour de notre poignet — parfois, ça pouvait prendre presque tout l’avant-bras. Et à partir de ce moment-là, plus rien ne pouvait nous arrêter. Notre bracelet pouvait : ouvrir des portes à distance, créer un bouclier énergétique autour de nous, tirer des projectiles, servir de talkie-walkie, donner l’heure et la date, lancer une corde avec un grappin, nous téléporter, etc. Tout cela avec une feuille de papier, une paire de ciseaux, un crayon et du scotch.
Quand j’étais petit, j’ai écrit une lettre à Mario
C’était la belle époque de la NES, et j’étais abonné au magazine « Club Nintendo » au sein duquel il y avait une rubrique dédiée au courrier des lecteurs, intitulée « Boite aux lettres ». À l’école primaire pendant une heure de permanence, j’avais commencé à écrire une lettre que j’avais commencée avec « Cher Mario, ». Des copains l’avaient remarqué et ça les avait fait rigoler. « Ah ah, il écrit à Mario ! ». Je ne sais plus ce que j’ai raconté dans cette lettre, je n’ai pas le souvenir de l’avoir terminée et envoyée.
Quand j’étais petit, avec les copains on jouait aux petites voitures dans la cour de l’école
On se créait des passages et des chemins en creusant la terre entre et sous les racines d’un arbre. Les uns après les autres, on faisait rouler nos plus beaux bolides, on reproduisait les bruits du moteur, des freins et des accidents avec nos bouches. On faisait des dérapages contrôlés qui projetaient de la poussière derrière nos voitures.
Quand j’étais petit, avec les copains on faisait du glisse-board
On partait d’une planche de skateboard de laquelle on avait retiré les trucks et les roues. Sur le dessous de la planche, on passait un coup de vernis « pour que ça glisse mieux », et sur le dessus de la planche, on clouait deux lanières découpées dans de vieilles ceintures en cuir, pour se caler les pieds.
On partait ensuite, planche sous le bras, à la recherche de monticules de terre sur divers chantiers et terrains vagues de notre village, pour les dévaler avec nos glisse-boards.
Quand j’étais petit, avec deux copains on s’est gentiment fait botter le cul par un instituteur
C’était en CM2, on avait eu cet instituteur les deux années précédentes. On embêtait un peu trop un de ses élèves dans la cour de récréation, et pour nous montrer que ce n’est pas marrant et pas sympa de s’en prendre aux plus petits devant les autres, il nous a convoqué dans sa classe et nous a chacun mis un gentil coup de pied dans les fesses devant tous ses élèves qui riaient aux éclats. Nous aussi, on rigolait, même si on ne le montrait pas trop.
La méthode pourrait surprendre aujourd’hui, voire mettre en colère, mais c’était un excellent instituteur, le meilleur que je n’aie jamais eu et dont je garde de super souvenirs. Trente ans après, il a d’ailleurs réuni une bonne partie des élèves de l’époque pour son départ en retraite. J’ai bien entendu participé.
Quand j’étais petit, mes parents voulaient que, parfois, je mette des chaussures de ville pour aller à l’école
Mais je n’aimais pas du tout ça. Il m’arrivait parfois de cacher une paire de baskets dans mon cartable, et une fois arrivé à l’école, je changeais de chaussures.
Quand j’étais petit, avec les copains on simulait des matches de boxe
On dessinait à la craie une espèce de sonnette sur un mur dans la cour de récréation. On l’activait en tapotant dessus et en criant « Ding ding ! » pour annoncer le début et la fin d’un round. Deux copains s’affrontaient alors, gentiment, mais avec parfois de jolies mandales pour nos âges. Je crois que cette activé n’a pas duré.
Quand j’étais petit, je partais seul de la maison
Bon, je n’étais pas si petit que ça, c’était au collège. À l’époque, mes parents me laissaient partir seul depuis la maison, en vélo, pour rejoindre des copains. En général, on se retrouvait « au stade », à une dizaine de minutes de coups de pédales. L’endroit idéal pour s’amuser, faire du sport, des parcours mais aussi des conneries. Je partais de chez moi en début d’après-midi, et j’avais pour consigne de rentrer pour 19 h au plus tard. Et donc pendant tout l’après-midi, nous étions libres avec les copains. Il n’y avait pas de téléphone portable. Nos parents nous faisaient confiance et la peur était probablement moins présente qu’aujourd’hui dans les consciences.
Quand j’étais petit, avec des copains on montait sur le toit de l’arrêt de bus au centre de notre village
Là aussi, j’étais un peu plus grand. C’était un arrêt de bus plutôt grand, construit en dur, sous lequel on pouvait s’abriter. Et sur lequel on pouvait monter, ce qui était bien sûr interdit. Pendant les vacances, le soir, il nous arrivait de monter sur le toit, pour se lancer un défi. D’ailleurs, on aimait bien grimper sur les toits à l’époque, on l’a également fait au stade où on se retrouvait souvent l’après-midi. C’était à peine à quelques mètres de hauteur, on ne se mettait jamais en grand danger, même si une chute aurait pu faire mal.
Quand j’étais petit, avec les copains on grimpait dans une vieille tour
C’était dans le stade où on passait le majeure partie de nos après-midi de vacances, à faire du vélo, du basket, du foot, des parcours, de l’exploration, et autres activités de jeunes ayant de l’énergie à revendre.
Ce stade, comme on l'appelait entre nous, est plutôt un grand parc qui contient lui-même des infrastructures et équipements de sports et loisirs, tout en faisant la part belle à la nature. Il se trouve à l’emplacement d’un ancien hippodrome qui fut en service de 1931 à 1965. Quelques beaux bâtiments Art Déco de l’époque subsistent encore aujourd’hui, rénovés et classés monuments historiques.
Durant notre jeune adolescence, je me rappelle d’une vieille tour d’observation qui se trouvait au bord d’un terrain de foot. Cette tour datait donc de l’époque où les lieux étaient encore un hippodrome activité, et elle se trouvait en plein milieu de ce dernier.
Cette tour de béton nous paraissait haute. Elle était en sale état, à l’abandon depuis une trentaine d’années, mais accessible par tout un chacun. À ses pieds s’y trouvait une ouverture qui jouait le rôle de porte d’entrée et qui donnait sur un escalier en colimaçon, entouré autour d’un gros pilier central, permettant de monter à son sommet. L’escalier était détruit depuis le sol sur une bonne partie de sa hauteur. Mais le point de vue devait être sympa depuis là-haut. C’est ainsi qu’on se lançait régulièrement dans une ascension un peu sportive.
Pour grimper, il fallait prendre appui avec nos mains sur le pilier central, et avec nos pieds sur la rampe métallique qui était toujours là, solidement fixée sur la paroi du mur et qui grimpait en suivant la forme de l’escalier disparu. En déplaçant doucement nos pieds et nos mains les uns après les autres, le corps en suspension, on arrivait ainsi à grimper et à rejoindre le reste de l’escalier en haut de la tour d’observation.
Je voyais ça très haut à l’époque, peut-être huit ou dix mètres, mais je pense que ça l’était beaucoup moins. J’ai des flashs, des images dans la tête de mes copains et moi en train de monter ainsi qu’être installés en haut de la tour, mais je n’ai pas de souvenir de comment on en descendait — probablement suspendus à la rampe.
Quand j’étais petit, toujours au stade où on aimait se retrouver avec mes copains, il y avait un bâtiment abandonné
Ce beau bâtiment Art Déco était à l’origine une salle de pesage pour l’hippodrome. Il été assez délabré, un peu à l’abandon et n’avait que peu d’utilité. Mais a depuis été totalement restauré et rénové et est à nouveau exploité pour d’autres activités.
Dans ce grand bâtiment aux hauts plafonds, où tout était cassé et poussiéreux, il y avait plusieurs pièces, dont une grande qui contenait un escalier qui descendait vers des sous-sol. Cet escalier démarrait dans la clarté du rez-de-chaussée et ses grandes fenêtres, baigné par la lumière du soleil, mais terminait sa course dans l’obscurité et donnait sur deux portes entrouvertes, une à gauche et l’autre à droite.
La légende racontait que quelqu’un d’effrayant avait élu domicile dans une des pièces en bas de l’escalier, ou même qu’il s’y trouvait un squelette humain. Évidemment, on aimait se lancer le défi de descendre l’escalier pour aller voir de nous-mêmes ce qui se trouvait derrières ces portes. Parfois, on s’éclairait à l’aide d’une lampe-torche ou d’un briquet.
On n’osait pas trop rentrer dans les pièces. C’est ce qui arrive à force de jouer avec les peurs. Néanmoins, on se risquait parfois à pousser un peu les portes, afin de pouvoir y passer une tête et jeter un oeil. Derrière chaque porte, on pouvait apercevoir une assez grande pièce qui ressemblait à une large cave. Un petit peu de lumière s’infiltrait depuis un soupirail, encrassé de débris et de végétaux, bien trop petit pour éclairer suffisamment les pièces qui étaient baignées dans une pénombre et un silence inquiétants. Le sol était jonché de débris de béton, de pierres et de morceaux de briques et carrelage cassés. Souvent, c’était à ce moment-là qu’on aimait se faire peur en disant qu’on avait entendu un bruit, qu’on avait vu un truc bouger dans l’obscurité, ou en jetant discrètement un caillou dans un recoin pour faire du bruit. On remontait alors à toute vitesse pour retrouver la lumière rassurante, et on s’en allait. Jusqu’à la prochaine excursion.
Quand j’étais petit, avec les copains on se racontait une légende sur un hôpital psychiatrique
Dans la grande ville près de laquelle j’habitais, il y avait et il y a toujours un célèbre hôpital psychiatrique.
À l’école et au collège, la rumeur courait entre les élèves que cet hôpital abritait en son sous-sol, secret et bien gardé, des gens avec des particularités bizarres. Des hommes à tête de chien, des sosies d’Elephant Man, des personnes à l’apparence étrange, etc. Un vrai freak show, en somme.
Quand j’étais tout petit, alors que ma mère m’expliquait que la nourriture que je mangeais descendait dans mon estomac…
… je lui ai demandé si elle, quand elle mangeait, les aliments allaient dans son esmaman — pour rappel, je m’appelle Thomas.
La majorité de ces souvenirs remontent à l’époque où j’étais à l’école primaire. J’ai eu la chance de passer une partie de mon enfance dans une école de qualité, dans un village à taille humaine, au vert, avec des instituteurs très sympa et pédagogues — notamment un, génial, celui qui m’a d’ailleurs botté le cul. Je me suis fait des copains qui aujourd’hui font encore partie de mon quotidien et pour certains sont devenus des amis, plus de trente ans après. C’était une époque formidable et pleine d'insouciances.
Cet article fut originalement publié le 23 octobre 2011, sur un vieux blog qui n’existe plus. Je suis retombé dessus récemment, en fouillant un peu mes archives, et j’ai pris du plaisir à le relire. J’ai donc souhaité le remettre un peu en forme et le publier à nouveau.
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